Merci Maman pour la ficelle
Travail en cours
Ce travail part d’un premier postulat : étant dysgraphique, mon écriture est défaillante. J’ai donc essayé de lui redonnerune autre valeur, une valeur graphique. De la même manière qu’une écriture, pour être performante, doit être lisible, régulière et même harmonieuse, un rendu 3D se doit d’être réaliste. Ainsi, mon écriture n’est pas très lisible, pas du tout harmonieuse et encore moins régulière, tout comme mes rendus 3D.
La dysgraphie est un diagnostic qui n’a pas vraiment d’intérêt au sens médical, en raison de ses multiples origines, qu’elles soient liées à des traumatismes crâniens, psychologiques ou même à une défaillance nerveuse. Elle ne sert qu’à faire comprendre au système scolaire, qui à son tour dysfonctionne, que c’est une réelle difficulté et non de la fainéantise, et ainsi trouver des solutions.La dysgraphie se présente souvent comme une écriture pas, ou partiellement, automatisée. On peut ainsi parler de « processus scripteur aléatoire ».
Dans ce travail, je cherche à donner une nouvelle valeur à mon écriture. Elle devient volume, matière, sculpture, parfois même monument. Peu à peu, elle semble s’animer. Elle se répand, envahit tous les espaces où elle peut exister, avec une attitude proche de celle du graffiti. Pour moi, c’est une forme de revanche sur le système scolaire. Cette écriture incarne un ressenti plus profond, une trace de ces années de ma vie dont je semble à peine sortir. Le titre de ce projet vient du tout premier texte que j’ai écrit : une lettre adressée à ma mère.
Prôtótypos
Cette serie à été crée dans le cadre d'une carte blanche pour la bijoutière Anaide Davoudlarian. Elle mélange des photographie, des rendus 3d et parfois les deux en même temps.
C'était mieux avant
Dans les années 1990 — une période que je n’ai pas connue, mais qui, par la mémoire de mes parents,
me touche — plusieurs espaces alternatifs existaient : les squats du quai Maria Belgia, les Temps
Modernes, le Toit du Monde, la Guinguette. Nés sur le terreau d’une crise ouvrière, ces lieux ont fait
croître l’intérêt porté à la ville grâce au rayonnement de nombreux artistes. Si ces derniers ont
participé à ce phénomène, c’est avant tout le résultat d’un choix politique : celui de ne pas protéger
ces lieux.
Mes photographies, mêlées à la modélisation 3D, cherchent à représenter l’attention politique que
monopolisent les bâtiments de remplacement. J’utilise des scans en nuages de points, utiles aux
géomètres et architectes, comme métaphore du reste de la ville, réduite à un simple bien dont on
semble avoir oublié la valeur immatérielle.
Texte parru dans le Riviera Chablais N°226 du 29 oct. au 4 nov. 2025
